Annika Larsson explore les stéréotypes masculins et la construction de l'identité masculine. Dans ses mises en scène qui deviennent performances de rites sociaux, filmées et projetées de taille plus grande que nature sur les murs des espaces d'exposition, elle s'attarde sur des hommes, choisis pour la plupart dans la rue, pris dans des actions a priori banales. Certains portent simplement des costumes sombres et semble attendre, d'autres s'apprêtent à disputer une partie de tennis, d'autres encore promènent un chien (Dog, 2001) , sur des cigares (Cigar, 1999), une cravate, des gants de cuirs, chacun résonne alors particulièrement.
L'investigation est lente, tout en retenue et en silence. L'homme est réduit au statut d'objet dans un décor minimaliste et méticuleux. Cette réduction est au centre du travail d'Annika Larsson, plus qu'un souci de revendication féministe sur la domination masculine ou une exploration des relations hommes-femmes. Elle joue sur des clichés, des archétypes de situations sans pour autant y participer, ce que Daniel Birnbaum considère un méta cliché. La distance froide qu'elle observe avec ses hommes-objets devrait être considérée pour l'atmosphère particulière et énigmatique qui y règne plus que par la simple observation d'une femme sur un univers masculin. Il conduit le spectateur à une attente interminable de sens, d'un dénouement probable dans une ambiance presque dramatique d'incertitude. Rythmées par des bandes sonores issues de la musique électronique ou de bruits captés –le halètement d'un chien par exemple-, ses vidéos explorent l'espace mental de ces individus et hypnotisent le public par leur lenteur volontaire et soignée et leurs pulsations sourdes.