Mat COLLISHAW appartient à une génération de jeunes artistes britanniques qui a émergé au début des années 90, et ce à partir de Freeze, exposition organisée par Damien Hirst en 1988 au Surrey Docks de Londres. Une génération – comptant notamment parmi elle les frères Chapman, Fiona Rae, Sarah Lucas et Garvin Turk - ensuite confortée par le mécénat de Charles Saatchi et le parrainage de Madonna au Turner Prize, prix annuel récompensant le meilleur artiste britannique de l'année.
Artiste produisant tour à tour photographies, installations et vidéos, Mat COLLISHAW travaille à partir d'images peu médiatisées, car peu enclines à être en phase avec les canons médiatiques, ou au contraire à partir de sujets triviaux dont la réception semble formatée a priori. Cette manipulation vient ainsi questionner notre rapport aux images, à leur statut, à l'histoire, et plus précisément à la lecture du réel. Violence, torture ou suicide comptent parmi les thèmes abordés dans son œuvre.
Mat COLLISHAW pointe la superficialité perverse des images et la frénésie peu critique avec laquelle elles peuvent être distillées et consommées. En témoigne ses photographies de fleurs au demeurant magnifiques mais en réalité hautement toxiques, présentées à la manière d'une classification d'apothicaire d'un siècle passé. Et il en va ainsi dans l'art de Mat COLLISHAW : une beauté plastique attirante, mettant intelligemment en place ses stratégies de séduction, mais qui camoufle en réalité une charge dramatique et métaphorique sous-jacente. L'artiste reprend ainsi jusqu'à son paroxysme d'ambiguïté les fonctionnements des courants médiatiques dominants, faisant dire aux images ce qu'elles ne contiennent pas forcément tout en révélant subtilement leur sens fondamental. Ainsi de ses mosaïques monumentales en noir et blanc, qui de trop près trouble la netteté du regard.