Cities of Gold and Mirrors
2009
film 16 mm et 16 mm transféré sur dvd
Cities of Gold and Mirrors ("Les cités d'or et de miroirs") (2009, 9 minutes) est un film tourné en 16 mm, principalement dans et autour de la ville mexicaine de Cancún, sur la péninsule du Yucatán. Née ex-nihilo à partir de 1970 de la volonté politique d'attirer touristes et devises, aujourd'hui une des principales stations balnéaires du pays, Cancún, avec ses alignements d'hôtels et ses sites pré-colombiens, offre à Cyprien GAILLARD un cadre idéal pour explorer certains de ses thèmes favoris, tels que l'entropie, la ruine et l'anachronisme. Le film emprunte son titre au mythe des cités d'or, qui a vu les conquistadors explorer le Nouveau Monde à la recherche de villes regorgeant de richesses, et sa musique au feuilleton télévisé d'animation franco-japonais du début des années 1980 Les mystérieuses cités d'or, qui, s'inspirant du mythe, mêle histoire de l'Amérique, archéologie et science-fiction. Dans la bande originale du dessin animé, des thèmes récurrents joués au synthétiseur survenaient chaque fois qu'Esteban, le jeune héros, était sur le point de découvrir une nouvelle merveille, fusse-t-elle une sculpture cachée, une île mystérieuse ou une architecture grandiose, et créaient ainsi une sensation de suspens et de mystère ; pour Cyprien GAILLARD, ce personnage était le premier contact des enfants de sa génération avec les cultures pré-colombiennes, et a marqué son imaginaire. Le film comprend cinq séquences, non narratives, scandées par l'adaptation éthérée d'un de ces thèmes musicaux, repris cinq fois en boucle. Dans la première, de jeunes Américains pendant le rituel spring break, cette semaine de bacchanales de printemps dont Cancún est devenue une des principales destinations, s'alcoolisent cul sec, imperméables à la riche histoire de leur pays de villégiature, mais dont la ruine du corps évoque pour l'artiste celle des civilisations pré-colombiennes. La deuxième partie montre des dauphins nageant dans un bassin aux reflets argentés, au pied d'un hôtel en forme de pyramide. Dans la troisième section, un membre du gang américain des Bloods, tout de rouge vêtu, exécute une danse mystérieuse et envoutante sur le site archéologique maya d'El Rey. En toile de fond, un autre hôtel pyramidal apparaît à la fois comme un hommage dérisoire et un contraste iconoclaste avec l'architecture pré-colombienne. La quatrième séquence est composée de deux sous-parties, dont la première montre le vaste atrium intérieur d'un de ces hôtels en forme de pyramide, des balcons duquel pend une végétation luxuriante, ce qui donne à l'ensemble des airs de ruines gagnées par la jungle ; puis, seule scène ne se déroulant pas à Cancún, un plan fixe enregistre la destruction par implosion d'un immeuble, dont la façade de verre ondoie un instant avant de s'effondrer dans un nuage de poussière. Enfin, le dernier chapitre s'attarde sur la structure zénithale en métal d'une discothèque géante, et ses jeux de lumières hypnotiques qui fendent l'obscurité. Filmant comme dans un rêve éveillé, Cyprien GAILLARD exalte et met sur le même plan, notamment par la répétition de la même musique, dérèglements de la jeunesse et ruine des civilisations.
Color Like No Other
2007
dvd
Alors que Glasgow a longtemps abrité la plus grande concentration d'habitat social de grande hauteur du Royaume-Uni, ces tours, désormais vidées de leurs habitants, sont promises à la démolition, dans le cadre d'un vaste projet de réhabilitation urbaine. Entre-temps, certains de ces immeubles ont connus des utilisations inattendues, telle la tour Toryglen, héroïne d'une vaste campagne de publicité pour la nouvelle gamme d'écrans haute définition Bravia de Sony, aspergée par un feu d'artifice de milliers de pots de peinture illustrant l'explosion de couleurs promise par la technologie. La tour peinturlurée a ensuite été rendue à la grisaille écossaise, gigantesque monolithe tagué dominant la banlieue environnante. En janvier 2007, soit six mois après le tournage, la tour est détruite. Le film s'ouvre sur une vue statique des débris de l'immeuble, avant de revenir à ses derniers instants. Contrastant avec la débauche explosive du spot de Sony, les images de Cyprien GAILLARD ne donnent aucune indication sur l'explosion imminente.
Crazy Horse
2008
dvd
Performance de Koudlam au Skulpturenpark devant la projection de la vidéo "Crazy Horse", à l'occasion de l'ouverture de la 5ème Biennale de Berlin. La vidéo "Crazy Horse" est un assemblage de séquences montrant une sculpture monumentale du fameux chef indien Crazy Horse en cours de réalisation dans les montagnes de Black Hills, Dakota du Sud. Débutée par le sculpteur Korczak Ziólkowski (1908-82) en 1948, elle fut commanditée par les Sioux en hommage à Crazy Horse, chef du Lakota, et à la Mère Nature. Ce monument, dont la construction devrait prendre encore quelques quatre-vingt années, deviendra alors la plus grande sculpture jamais réalisée. La dynamite utilisée par les ouvriers pour creuser la figure dans les montagnes a provoqué de graves atteintes au parc national des Black Hills. Le compositeur Koudlam, collaborateur de longue date de Cyprien GAILLARD, a réalisé la bande originale du film et la performance live qui accompagnait la première en plein air.
Desniansky Raion
2007
vidéo
Alternant entre ordre et chaos, la vidéo "Desniansky Raion" (2007, 29 min.) explore la notion d'entropie chère au maître du Land Art Robert SMITHSON. Après le plan fixe d'introduction sur un immeuble des années 1970, monumental arc de triomphe marquant l'entrée de Belgrade, la vidéo déroule ses trois séquences, sans lien narratif apparent, au son électro-lyrique du compositeur KOUDLAM : d'abord une bataille rangée entre deux bandes de hooligans sur le parking d'une banlieue de Saint-Pétersbourg ; puis un spectacle grandiose mêlant lumières, lasers et pyrotechnie sur la façade d'une barre HLM de la banlieue parisienne avant qu'elle ne s'effondre foudroyée ; enfin, un survol périlleux, au milieu d'un paysage enneigé et mélancolique, d'une forêt de tours grises de la banlieue de Kiev, d'où finit par émerger un parfait ordonnancement circulaire évoquant le site mégalithique de Stonehenge, en Angleterre.
Pruitt-Igoe Falls
2009
dvd
La vidéo "Pruitt-Igoe Falls" emprunte son titre à Pruitt-Igoe, vaste quartier d'habitat social construit dans les années 1950 à Saint-Louis aux États-Unis ; rapidement dégradé, sa démolition par implosion à partir de 1972, 18 ans seulement après la fin de sa construction, fut la première du genre à cette échelle. Œuvre de l'architecte américain Minoru YAMASKI, également auteur des défuntes tours jumelles du World Trade Center, Pruitt-Igoe est resté emblématique des échecs de l'habitat social et, selon certains, de l'architecture moderne en général – ainsi, Charles JENCKS, initiateur et théoricien du postmodernisme, proclama sa destruction "le jour où l'architecture moderne est morte." Placée sous ces auspices, la vidéo de Cyprien GAILLARD se compose de deux plans fixes sans son reliés dans un subtile fondu enchaîné. La première partie cadre la démolition, de nuit, d'un immeuble dans le quartier de Sighthill, à Glasgow. Terrain de prédilection de l'artiste, la capitale de l'Écosse compte la plus grande concentration d'immeubles sociaux de grande hauteur du Royaume-Uni, construits pour certains d'entre eux au milieu d'anciens cimetières et désormais pour beaucoup voués à la disparition dans le cadre d'une vaste opération de réhabilitation urbaine. La vidéo s'ouvre donc sur la vision saisissante et lourde de sens d'un monolithe de béton planté au milieu de pierres tombales, sous un puissant éclairage qui fait ressembler la scène à un plateau de cinéma. Lorsque la barre grise implose et s'écroule, un épais nuage de poussière remonte lentement jusqu'au premier plan et finit par recouvrir les spectateurs et les lumières, plongeant l'image dans une obscurité dont n'émergent que des ombres de tombes et de végétation. Une timide lueur apparaît au centre de cette vision nocturne digne d'un parc romantique, avant de s'intensifier et d'éclipser ce qui restait de la première scène : le second tableau est une vue des chutes du Niagara au moment de leur "allumage" à la nuit tombée, illuminées par des spots qui les transforment en un spectacle féérique aux couleurs vives et changeantes. Elles sont filmées depuis les États-Unis, "point de vue du pauvre" pour ceux qui ne peuvent se rendre au Canada, où la vue est la plus belle, de la même façon que les habitants de l'immeuble de Glasgow, délogés avec la promesse d'un avenir meilleur, ne peuvent qu'assister au spectacle de la démolition de leur ancien foyer. Comme l'écume du second acte fait formellement écho au nuage de poussière du premier, Cyprien GAILLARD rapproche les majestueuses chutes, phénomène naturel transformé en spectacle de parc d'attraction, de la chute d'une architecture, elle aussi transformée en grand spectacle.
Real Remnants of Fictive Wars I
2003
film 35 mm et film 35 mm transféré sur dvd
Défini au départ par Cyprien GAILLARD comme une oeuvre Land Art, le projet 'Real Remnants of Fictive Wars' rassemble un ensemble de 5 films en 35mm et un dvd. Dans chaque film de cette série, une épaisse fumée blanche, produite par des extincteurs, vient envahir l'espace: zones urbaines, péri-urbaines et paysages de nature que l'artiste investit pour ses réalisations. Les films, généralement en plan fixe, semblent rendre hommage à la peinture romantique, tout en introduisant la notion de vandalisme (matérialisé ou non) chère à l'artiste.
Real Remnants of Fictive Wars II
2004
film 35 mm et film 35 mm transféré sur dvd
Tournée en 35 mm, "RROFW II" présente une vue d'un tunnel qui disparaît dans une épaisse fumée blanche envahissant l'espace avant de se retirer très lentement. La vidéo semble rendre hommage à la peinture impressionniste de MONET, TURNER ou encore WHISTLER. La série "Real Remnants of Fictive Wars" rassemble 5 films en 35mm, définis au départ par Cyprien GAILLARD comme des oeuvres Land Art. Dans chaque film une épaisse fumée blanche, produite par des extincteurs, vient envahir l'espace: zones urbaines, péri-urbaines et paysages de nature que l'artiste investit pour ses réalisations.
Real Remnants of Fictive Wars III
2004
film 35 mm et film 35 mm transféré sur dvd
Défini au départ par Cyprien GAILLARD comme une oeuvre Land Art, le projet 'Real Remnants of Fictive Wars' rassemble un ensemble de 5 films en 35mm et un dvd. Dans chaque film de cette série, une épaisse fumée blanche, produite par des extincteurs, vient envahir l'espace: zones urbaines, péri-urbaines et paysages de nature que l'artiste investit pour ses réalisations. Les films, généralement en plan fixe, semblent rendre hommage à la peinture romantique, tout en introduisant la notion de vandalisme (matérialisé ou non) chère à l'artiste.
Real Remnants of Fictive Wars IV
2004
film 35 mm et film 35 mm transféré sur dvd
Les "Real Remnants of Fictive Wars" sont une série de perfomances réalisées par Cyprien GAILLARD depuis 2005, oeuvres de Land Art éphémères dans lesquels l'artiste active de puissants exctincteurs industriels à poudre dans des environnements soigneusement choisis, d'anonymes cités de la banlieue parisienne à l'iconique "Spiral Jetty" de Robert SMITHSON. Six de ces performances ont été filmées en 35 mm, formant un corpus de films d'une grande force visuelle. Dans chacun d'eux, un épais et fascinant nuage blanc se forme et envahit progressivement le cadre, entre brume vaporeuse et fumée de champ de bataille, avant de se résorber et de laisser dans le paysage ses stigmates chimiques, révélant le côté vandale de l'intervention. "Real Remnants of Fictive Wars IV" a pour cadre l'épaisse jungle vietnamienne, d'où jaillit un panache de fumée, évoquant les images des nombreux films de guerre tournés dans ce cadre.
Real Remnants of Fictive Wars V
2004
film 35 mm et film 35 mm transféré sur dvd
Défini au départ par Cyprien GAILLARD comme une oeuvre Land Art, le projet 'Real Remnants of Fictive Wars' rassemble un ensemble de 5 films en 35mm et un dvd. Dans chaque film de cette série, une épaisse fumée blanche, produite par des extincteurs, vient envahir l'espace: zones urbaines, péri-urbaines et paysages de nature que l'artiste investit pour ses réalisations. Les films, généralement en plan fixe, semblent rendre hommage à la peinture romantique, tout en introduisant la notion de vandalisme chère à l'artiste.
The Lake Arches
2007
dvd
La vidéo "The Lake Arches" est un « portrait aux ruines » : dans un plan d'eau ceinturant une emblématique architecture postmoderne de logements sociaux réalisés par Ricardo BOFILL, un jeune homme effectue un funeste plongeon dont il ressort le nez ensanglanté. Le film, qui assume le ton de la tragédie grec, possède la charme ambiguë de ce qui échappe à la définition, évitant toute tentative de qualifier son statut. Faisant barrage et violence à la jeunesse du protagoniste, le plan d'eau de cette architecture à la majesté rigide apparaît dès lors comme les douves d'un donjon médiéval.