Étienne CHAMBAUD mène une réflexion exigeante sur la nature de l'œuvre d'art, sur les relations qu'elle entretient avec d'autres œuvres, sur les contextes et raisons de l'apparition des objets, sur la manière dont on les utilise et les charge de sens ou d'un récit particulier.
Son approche artistique est nourrie de sa pratique de lecteur et de la notion d'intertextualité. Il remet en question le postulat moderniste d'une œuvre qui se suffit à elle-même en insistant sur son inscription historique et sémantique dans un schéma de création plus vaste. Elle n'est plus un simple objet mis à la disposition du regard du spectateur mais le résultat de tout ce qui l'a précédée. Elle ne fonctionne jamais de manière isolée mais trouve son sens ou son intérêt dans un dialogue permanent avec les autres œuvres. Elles s'enrichissent ainsi mutuellement pour dessiner progressivement les contours flous d'une constellation de références communes. Elles fonctionnent comme des palimpsestes qui gardent la trace d'un travail antérieur tout en proposant une nouvelle composition, oscillant ainsi sans fin entre une répétition inéluctable et un horizon chaque fois renouvelé.
Les œuvres d'Étienne CHAMBAUD ne se livrent pas dans la seule interprétation de leurs formes, mais nécessitent le recours d'un élément supplémentaire, comme leurs légendes ou leurs titres, pour tenter de les cerner. Il met ainsi le spectateur dans une position embarrassante en le confrontant à un objet énigmatique et en apparence muet. Paradoxalement, leur hermétisme ne vire pas à l'élitisme et établit au contraire une certaine égalité entre les spectateurs.
Raphael BRUNEL, Les Cahiers de la Création Contemporaine