Pierre Bismuth
09/10/2003 > 24/10/2003
Vernissage le 09/10/2003, de 19h à 21h
PIERRE BISMUTH utilise la pratique artistique comme moyen d'examiner notre perception de la réalité, notamment dans notre relation aux productions culturelles. Son travail tente avec humour et un minimum de moyens de déstabiliser les codes de lecture afin de redonner au spectateur une position incrédule même à l'égard des éléments de notre culture les plus acquis. Sa démarche se développe autour de l'idée que c'est en manipulant simplement la définition communément donnée aux choses que l'on en change la perception.
Cosmic Galerie présente pour la première fois à Paris un ensemble d'oeuvres basées sur les idées de substitution et d'équivalence.
Ainsi, En prévention de mauvais fonctionnement technique (vidéo de Bruce NAUMAN débranchée) se résume en la présentation d'une vidéo de l'artiste américain, débranchée. PIERRE BISMUTH cherche par là à tirer profit et en quelque sorte rentabiliser ces périodes plus ou moins courtes où les oeuvres vidéo sont installées sans être nécessairement en état de marche, dans le cas de problèmes techniques ou tout simplement de clôture de l'exposition en fin de journée.
Des choses en moins des choses en plus consiste en une série de cloisons légères, trouées de cercles jusqu'à élimination du plus de matière possible ; les cercles ainsi retirés de la surface des murs s'accumulent au sol comme autant d'objets à devoir gérer. Comme le travail précédent qui exploite les périodes de non fonctionnement d'une vidéo, cette installation joue sur la gestion des résidus de fabrication.
La mise en espace est complétée par deux nouveaux états des séries De rouge à rien et De vert à quelque chose d'autre. Chaque nouvelle présentation de chacune des deux séries reproduit la couleur utilisée dans une exposition précédente avec une différence peu perceptible, par ajout régulier de blanc pour De rouge à rien et de couleur dans De vert à quelque chose d'autre. Ce n'est qu'après un certain nombre d'expositions que l'évolution devient sensible pour qui suit la série, vouée à se terminer par le blanc dans un cas et virtuellement sans fin dans l'autre.
Dans la même salle, la nouvelle série Remplacer par le même joue sur l'idée de la substitution d'une chose par son double sur chacune des photos produites par l'artiste et ne présentant entre elles aucune cohérence thématique sont collés à l'identique des éléments prélevés sur des duplicata.
Enfin, les Pliages, également présentés pour la première fois, sont des origamis réalisés sur des supports divers - magazines, journaux, posters, plans etc. L'origami une fois produit est présenté déplié, ne montrant plus que la trace de sa réalisation ; chaque pièce garde néanmoins le nom de la chose que l'origami correspondant est censé figurer.
Cette salle inaugure également une nouvelle série de suites chromatiques De noir à rien.
Cinq oeuvres vidéo de PIERRE BISMUTH, également sélectionnées par bdv, sont présentées chaque jour en alternance.
Link (work in progress depuis 1999, 14' à ce jour) explore le rapport continuité / discontinuité. Pour point de départ et matériel de base, l'artiste se sert du film classique Sleuth (1972) ("détective" en argot anglais) de Joseph L. MANKIEWICZ. Link est financé par morceaux, à raison de 170 secondes pour chaque nouveau financeur, et consiste en un filmage de la projection de Sleuth sur des téléviseurs dans des appartements privés , le cadrage large laisse apparaître le moniteur dans son environnement domestique. Si, à la base, Sleuth se caractérise par le fait qu'il n'a tourné que sur un seul plateau, chaque nouveau plan dans le film d'origine correspond à sa diffusion dans un nouveau cadre.
Back To The Jungle (The Jungle Book Project) (2002') est une interprétation du Livre de la Jungle. «J'ai toujours été fasciné par l'habitude qu'ont les enfants de regarder la même vidéo, écouter le même disque, encore et encore, plusieurs fois par jour, pendant des semaines ou des mois. En décembre 2001, cherchant un cadeau pour ma filleule, je me demandais si Le Livre de la jungle pourrait la débarrasser de son addiction (qui durait depuis quelques mois) à Winnie l'Ourson. L'idée cependant n'était pas d'acheter une seule version, mais trois ou quatre : hollandais, anglais, espagnol, italien... Je voulais voir comment une enfant de 18 mois réagirait en regardant le même film, mais en entendant quelque chose de différent. Avant même de lui envoyer les cassettes je fus moi-même fasciné en faisant l'expérience de toutes ces versions doublées. Je voulais donner un langage différent à tous ces personnages.» (PIERRE BISMUTH).
Respect The Dead (2001-2002) est une série de films dont chacun s'arrête net dès que survient la première mort à l'écran - la plupart des films ainsi montés ne durent pas plus de quelques minutes. Établissant de nouveaux critères de montage, l'artiste se refuse à prendre en compte la signification normale et la fonction de la mort au cinéma - mise en place du décor, développement de l'action etc ; il perturbe ainsi l'équilibre du film, donnant une identité et un rôle différent aux personnages et aux évènements.
La partie (1997-2001) est centrée sur un texte produit à partir de l'écoute de la bande-son du film éponyme de Blake EDWARDS (1968). «Sans avoir jamais vu le film, dans le temps d'une seule écoute et sans en interrompre le cours, une dactylo a eu pour tâche de décrire les ambiances et les actions qu'elles supposaient, de retranscrire tous les dialogues dans la mesure de ses possibilités. Confrontée à la fois à un problème d'écoute, d'interprétation, de mémoire et de vitesse d'exécution, elle a produit ainsi un nouveau scénario dans lequel objectivité et subjectivité se mélangent et donnent autant d'informations sur le déroulement du film que sur tout un processus de compréhension. Le texte, ainsi ajouté à l'image du film, se substitue à un éventuel sous-tirage. Il intervient comme commentaire absurde et décalé sur l'image et devient ainsi l'action principale. » (Stéphanie MOISDON-TREMBLEY)
One Man Show (2002) a pour matériau le film de Buster KEATON The Playhouse (1921), dont l'action est basée sur l'idée de symétrie et qui a été ici manipulé pour créer deux écrans : une image de la partie droite de l'écran et une image miroir de la partie gauche.
En savoir plus sur PIERRE BISMUTH
Un document filmé sur Laetitia BENAT et PIERRE BISMUTH, réalisé par Sabine Bouckaert pendant le montage de l'exposition, est présenté dans la première salle.