Annika Larsson
20/05/2006 > 08/07/2006
Vernissage le 19/05/2006, de 19h à 21h
L'artiste suédoise ANNIKA LARSSON est une des vidéastes les plus reconnues de sa génération, qui a su développer une thématique originale et une esthétique immédiatemment reconnaissable. Ses vidéos mettent en scène uniquement des hommes et s'attachent à un langage symbolique essentiellement masculin, jouant sur les manifestations de pouvoir telles que soumission et violence.
Pour sa deuxième exposition à la galerie Cosmic, ANNIKA LARSSON présente une nouvelle vidéo, Fire, ainsi que des photographies tirées de celle-ci. Dans l'espace sombre et confiné de ce qui ressemble à un hangar, la vidéo met en scène une demi-douzaine de jeunes hommes dans les préparatifs puis l'exécution d'actes de guerrilla urbaine– à moins qu'il ne s'agisse d'un entraînement à l'émeute. Filmé individuellement et de façon altérnée, chacun des protagonistes est occupé à une action spécifique : fabrication, allumage et jet d'un cocktail Molotov, utilisation d'un fusil d'assaut AK47 etc.
La qualité de la photographie et la précision des cadrages renforcent la singularité d'une mise en scène glaciale. Les plans serrés alternent avec les gros plans de détails signifiants ou anodins, parfois fixes ou presque, rendus monumentaux par le format de projection. Les protagonistes ne laissent apparaître aucune émotion, absorbés par l'exécution d'actions lentes et comme ritualisées. La bande son électroacoustique, composée de bruits mixés, paraphrase de l'opéra de Karl Heinz STOCKHAUSEN Freitag aus Licht, impose une pulsation sourde et exacerbe la tension des images et leur caractère hypnotique. Comme dans ses autres vidéos, ANNIKA LARSSON instaure ainsi une attente interminable de sens, d'un dénouement probable dans une ambiance presque dramatique d'incertitude.
Cependant, l'artiste ne cherche pas à dérouler une narration, pas plus qu'elle ne formule de prise de position ni même de commentaire politique. ANNIKA LARSSON s'intéresse à la relation du regardeur aux acteurs en train de jouer et aux signes et objets contenus dans la vidéo. Ainsi, si Fire met en scène des actions violentes et spectaculaires, les images nous sont également familières. Des gestes des protagonistes à la bouteille de Coca Cola utilisée pour préparer un cocktail Molotov, en passant par les habits streetwear siglés comme uniforme de l'activiste, la vidéo est en effet largement basée sur des documents glanés dans la presse et sur internet. La figure de l'activiste s'étant, sur fond de paranoïa anti-terroriste et de craintes suscitées par ces groupes activistes, imposée dans l'actualité, sa représentation, ses attitudes et ses codes se sont répandus dans les médias, jusqu'à nous devenir familiers, et à influencer eux-mêmes en retour la réalité. C'est à cette situation, et au trouble qu'elle est susceptible de susciter, qu'ANNIKA LARSSON confronte le spectateur.