Davis Rhodes, Dan Shaw-Town, Ned Vena
13/09/2012 > 10/11/2012
Vernissage le 13/09/2012, de 19h à 21h
En 1981, l'artiste et critique Thomas LAWSON écrivait dans son manifeste "Last Exit: Painting" : « Les artistes radicaux sont actuellement face à un choix : le désespoir ou l'ultime sortie : la peinture », suggérant que la peinture pure était comme le parfait camouflage,
« permettant de placer l'activité esthétique critique au centre du marché de l'art, où elle peut semer le plus grand trouble ». Trente ans plus tard, contredisant cette prophétie, une nouvelle génération de jeunes artistes radicaux semble embrasser une nouvelle approche non conventionnelle du médium de la peinture, bien au-delà de la peinture elle-même. Les surfaces bidimensionnelles, souvent caractérisées par un format identique et une sorte d'élégante simplicité, sont le champ d'un dialogue puissant entre surface et volume, platitude et forme. En fonctionnant comme une sorte de
Cheval de Troie, ces nouvelles formes hybrides – ni dessin ni installation, ni toiles ni sculpture – livrent avant tout une subversion et une critique précisément là où la peinture n'avait jamais été remise en question, conséquence de la nouvelle ère de la peinture au sein de laquelle une nouvelle génération d'artistes va au-delà de l'abstraction en détournant les moyens picturaux conventionnels. Les trois artistes présentés dans cette exposition, DAVIS RHODES (né en 1983 au Canada), DAN SHAW-TOWN (né en 1983 au Royaume-Uni.) et NED VENA (né en 1982 à Boston, MA) – tous trois vivent et travaillent à Brooklyn, NY –, partagent les mêmes références à la peinture abstraite minimale américaine et utilisent des procédés et matériaux issus de la production de masse et de la signalétique industrielle.
DAVIS RHODES combine la peinture abstraite et les positions post-minimales dans le but d'explorer des relations intimes entre la pratique de l'atelier et l'exposition publique. Les œuvres présentées ici s'éloignent de toute interprétation esthétique, montrant, dans une volonté délibérée de négligence formelle, des surfaces peuplées de craquelures, d'éclats, de coups, de traces comme autant de vestiges de la réalité du matériau avant l'action du geste pictural. La peinture à l'eau appliquée sur du carton plume donne, en séchant, une forme arrondie aux panneaux et leur confère une présence sculpturale.
Les œuvres de DAN SHAW-TOWN sont déterminées par la logique de leurs matériaux : l'econolite, un type d'aluminium plastique composite, qui remplace de façon économique le double aluminium dans la signalétique industrielle, le vinyle transparent et l'acier. Ces matériaux agissent à la fois comme support et surface, et, cadrant le geste pictural, de déroutent la perception du spectateur. L'œuvre au sol, quant à elle, matérialise l'espace de façon marquée avec des éléments sobres et réduits à l'essentiel.
La pratique picturale de NED VENA reprend lui aussi un système de production industriel. Il imprime à l'aide d'un ploter industriel un pochoir en vinyle sur lequel il applique du caoutchouc en spray, matériau normalement utilisé dans l'industrie automobile pour ses qualités de résistance aux intempéries, et détourné par les graffeurs pour les mêmes raisons.
Le résultat final révèle à la fois la peinture et ses traces résiduelles : les épaisseurs laissées par le décollage, les bavures huileuses de l'aérosol qui ont filtré sur la toile. L'abstraction lisse vue au premier abord laisse apparaître le processus de création à la fois traditionnel et ultra-contemporain.