Salvatore Emblema
28/11/2015 > 04/02/2016
Vernissage le 27/11/2015, de 19h à 21h
Intitulée Trasparenza, la première exposition du travail SALVATORE EMBLEMA (1929, Terzigno, Italie – 2006, Terzigno, Italie) à la Galerie BUGADA & CARGNEL témoigne de la richesse de l'œuvre de l'artiste italien qui développa une pratique aux frontières de l'Arte Povera, du Land Art et nourrie par l'expressionnisme abstrait. Ses toiles dont il ajoure le tissage, ou ses sculptures et installations extérieures offertes au soleil et au vent, témoignent de sa volonté à saisir la transparence.
Le travail de SALVATORE EMBLEMA est fortement empreint de son environnement. Né à flanc de Vésuve, dans la ville de Terzigno où il a vécu presque toute sa vie, il en a prélevé la matière organique – tels des feuilles, de la terre volcanique, de la lave pétrifiée et des métaux oxydés – pour créer ses propres couleurs et textures. Au cours de sa carrière, il n'a utilisé que des couleurs fabriquées par lui-même pour peindre ses jutes glanées ou ses sacs de boulange.
Très marquée par son Vésuve natal, la carrière d'EMBLEMA est aussi nourrie par le travail de ses contemporains américains qu'il a fréquentés de 1956 à 1958 : invité par David Rockefeller, l'un de ses plus grands collectionneurs, à séjourner aux États-Unis, il a développé une sensibilité certaine au travail de Mark ROTHKO dont il est devenu l'ami proche et dont le travail a été une source indéniable d'inspiration. Ces rencontres précoces ont tôt fait de façonner la carrière entière de l'artiste. Ignorant les modes artistiques, il a tenté durant toute sa vie de saisir la transparence en peinture : en cela, il a occupé un rôle essentiel dans l'avant-garde italienne de l'après-Seconde Guerre mondiale.
Ainsi, dans le champ pictural, dès les années cinquante, EMBLEMA procède à l'application de matières naturelles à même l'œuvre, à l'instar de la toile réalisée en 1956 parsemée de pierre volcanique, ou de celle de 1959 teintée de cendres de volcan. Les œuvres des années soixante témoignent d'un allègement progressif du geste : dans les toiles de 1965 et 1968, EMBLEMA griffe la matière picturale. Dès 1969 et tout au long des années 1970, les toiles sont même détissées, permettant à l'œil de saisir l'espace lumineux de part et d'autre de l'œuvre. Le parcours pictural proposé dans cette exposition souligne cette tentative d'approcher au plus près la transparence par un jeu subtil avec l'ombre de la matière : une démarche plastique comme un oxymore.
Dans son travail de Land Art, EMBLEMA fait advenir la transparence à travers des interventions picturales sur le paysage lui-même : à partir de 1967, l'artiste applique directement sur la surface des arbres une peinture faite de matériaux organiques. Progressivement, il élabore des installations plus évanescentes, laissant le paysage se dessiner dans la transparence d'une toile de jute tendue au début des années soixante-dix, ou de structures métalliques ajourées, ainsi que la sculpture centrale de l'exposition Trasparenza, produite en 1978. Cette arche, habituellement présentée en extérieur, a été peinte de bleu, de rouge et de blanc préparés par EMBLEMA lui-même afin d'obtenir une peinture qui absorbe la lumière.
Par la transparence, les installations et des peintures de l'artiste dialoguent avec la lumière et l'espace existants. Il a tenté de se départir du plan traditionnel en rendant transparente la surface plane. Délaissant l'ombre pour ne s'intéresser qu'à la clarté, il a invité la lumière ambiante à traverser ses peintures et installations sans artifice aucun. Si l'on peut définir le clair-obscur comme une gradation subtile de la lumière et à l'ombre, prodiguant à la peinture profondeur et dimension dramatique, l'on pourrait dire d'EMBLEMA qu'il en a revisité le concept dans l'abstraction.