Iris Van Dongen
15/04/2016 > 18/06/2016
Vernissage le 14/04/2016, de 19h à 21h
Pour sa nouvelle exposition personnelle à la galerie, intitulée The Hunter from Noland, IRIS VAN DONGEN (née en 1975 à Tilburg, Pays-Bas, vit et travaille à Berlin) présente un ensemble de nouveaux dessins mêlant gouache, pastel sec et fusain, dans lesquels l'artiste recompose des éléments puisés dans différents styles et cultures, de l'Art nouveau à l'art asiatique, et associe références personnelles, présences spectrales et histoires de samouraïs.
The Hunter from Noland propose des œuvres qui, bien qu'entièrement autonomes, font partie d'une fresque fragmentée, d'une histoire qui se déploie sur plusieurs niveaux de lecture. Représentant des personnages et des paysages dans une temporalité en suspension, ces nouvelles productions sont comme des vanités contemporaines, dont les protagonistes sont des jeunes femmes aux airs de spectres. Ces fantômes à la nature ambivalente, plus proche de celle des esprits qui habitent les cultures asiatiques imprégnées d'animisme que de celle du monstre, loin de vouloir être effrayants, expriment plutôt une mélancolie qui traverse l'ensemble de l'œuvre de l'artiste.
Entre deux alcôves comme échappées des dessins, l'exposition est peuplée de représentations féminines aux bras fuselés, parées de kimonos aux imprimés colorés et floraux qui parfois se confondent avec la végétation qui les entoure, et qui rappellent les poupées indonésiennes Wayang aussi bien que les figures féminines de Gustave KLIMT. À ces jeunes femmes se mêlent un samouraï dont le visage grotesque reproduit une assiette en céramique danoise issue de la collection de l'artiste, ou un personnage en habit traditionnel privé de tête.
Si la référence à l'art asiatique, entre Japon et Indonésie, n'est pas nouvelle dans la production d'Iris VAN DONGEN, elle est ici plus manifeste, et puise dans des sources aussi bien personnelles que collectives : un intérêt hérité de l'enfance pour les histoires de fantômes, un grand-père indonésien, l'influence des arts asiatique et indonésien sur la production artistique néerlandaise – notamment par le biais d'échanges culturels lors de la période coloniale –, l'œuvre du peintre indo-hollandais Jan TOOROP – auquel une référence iconographique directe est faite dans l'oeuvre Hand of Toorop –, ou encore la céramique de Delft que l'artiste collectionne. Se retrouvent par ailleurs, dans ces dessins, l'extraordinaire abondance décorative ainsi que la place centrale accordée à la représentation de la faune et de la flore qui caractérisaient l'Art nouveau, mouvement également influencé par l'art asiatique.
Dans The Hunter from Noland, l'artiste mène une réflexion sur la condition humaine et, notamment, sur l'antagonisme entre le caractère intemporel de l'esprit et le caractère terrestre et périssable de la matière et des corps. Cette réflexion recoupe d'ailleurs une réflexion plus large, et essentielle dans le travail de l'artiste, sur les oppositions fondamentales entre la figuration et l'abstraction, entre le rationnel et l'irrationnel. Une impressionnante vitalité se dégage de l'ensemble de dessins qui compose The Hunter from Noland, et de ses figures de chasseuses, de guerrières et d'aventurières nomades. Résultant de la recomposition d'univers extrêmement variés et provenant de ce no land, de ce territoire que constitue l'imaginaire d'IRIS VAN DONGEN, elles semblent prises dans le temps à la fois linéaire et cyclique d'une quête perpétuelle, celle de l'artiste.