Il principio è solo e solo un centro spostato verso il centro

Communiqué

Alfredo Aceto, Giorgio Andreotta Calò, Lupo  Borgonovo, Andrea Kvas, Nicola Martini, Nico Vascellari
24/06/2016 > 30/07/2016

Vernissage le 23/06/2016, de 19h à 21h

L'exposition Il principio è solo e solo un centro spostato verso il centro présente les travaux de six artistes de la jeune scène italienne : ALFREDO ACETO, GIORGIO ANDREOTTA CALÒ, Lupo BORGONOVO, ANDREA KVAS, NICOLA MARTINI et NICO VASCELLARI. Elle emprunte son titre à une œuvre de 1970 de Vincenzo AGNETTI, un des principaux représentants italiens de l'art conceptuel et influence majeure de nombreux artistes italiens contemporains, dont les pratiques et les productions font profondément écho à l'énoncé gravé dans la pièce de Vincenzo AGNETTI : « le commencement est seulement et seulement un centre déplacé vers le centre ». Le commencement de l'œuvre réside dans le déplacement d'un concept – centre de réflexion – vers la forme – centre de projection, de production et d'attention, c'est-à-dire dans le processus créatif. Entre dédoublements, reflets, répétitions et modulations du geste, l'exposition souligne une filiation poétique à travers l'étude du travail de ces six jeunes artistes.

Dans son installation sonore Modesty or Surprise, ALFREDO ACETO (né à Turin en 1991, vit et travaille à Paris) reproduit le cri de Godzilla, monstre fameux du cinéma, en se réappropriant les éléments sonores utilisés par les studios de production pour en réaliser le bruitage : portières de voiture qui claquent, mains imbibées de bitume frappant sur les cordes d'un violon, bruits de pas, etc... La piste sonore ainsi créée « fait office de décor pour la progression non linéaire du récit que mon travail génère. Il s'agit, en quelque sorte, de la bande-son de ma vie. Elle est le résultat d'une tentative de reconstitution d'un son essentiel qui, depuis toujours, sous-tend intimement l'ensemble de mon travail, substituant la ville de Pripyat, sujet et lieu central de ma production, à celle de Burbank ».

GIORGIO ANDREOTTA CALÒ (né à Venise en 1979, vit et travaille à Amsterdam et Venise) présente une série de polaroïds (Père Lachaise), découpés et dédoublés, laissant apparaître les détails des couches d'émulsion de l'image. Entre notes visuelles et réminiscences sensorielles, ces images éphémères, qui documentent un lieu de promenade cher à l'artiste, capturent moments et impressions et constituent autant de reflets mélancoliques d'espace-temps singuliers, figés et disposés en miroir. La sculpture en bronze d'un oiseau (Untitled (Bird / Skull)) est empreinte de la même mélancolie. Dans le prolongement du plumage, GIORGIO ANDREOTTA CALÒ reproduit l'effet de l'érosion de l'eau de mer sur le bois, situant l'œuvre entre la ruine et la nature morte.

Mêlant sculptures et dessins, Lupo BORGONOVO (né à Milan en 1985, vit et travaille à Milan) propose un ensemble fondé sur l'inspection et la modulation de la matière au sein d'un univers aquatique, dans lequel les jeux de reflet, de symétrie et de miroir sont propices au voyage mental. Toutes construites à partir d'histoires et de références distinctes, les œuvres présentées établissent le carnet de bord d'un marin invisible et imaginaire, associant esthétique des ruines et contemporanéité des formes et des matériaux. La série des Barka est composée de catamarans en fer que l'artiste a associés à des objets trouvés sur la plage de Pellestrina, petite île de la lagune vénitienne. Ces embarcations semblent avoir été sorties de l'eau comme l'auraient été de récentes épaves. Elles forment le socle d'objets en matière synthétique dont l'aspect a changé au contact des éléments naturels (sel, eau, vent), comme cristallisés entre le passé et le futur. Torta est un moulage en bronze fait à partir d'un modèle en bois utilisé à l'origine pour la fabrication de chapeaux, et découpé en cinq parties. Tour à tour modèle de chapeau, gâteau ou encore bitte d'amarrage, cette sculpture oscille sans cesse entre reproduction et abstraction. Agua III et IV sont des dessins grand format realisés au feutre sur du papier de Chine, pliés en deux et plongés dans l'eau ; ressortis et dépliés, les forment dessinées se trouvent dédoublées sur l'autre partie de la feuille. Lupo BORGONOVO aime dire qu'il a réalisé la moitié du dessin et l'eau, l'autre moitié.

Les installations picturales d'ANDREA KVAS (né à Trieste en 1986) soulignent les interactions entre peinture et support. En réalisant ses peintures sur des toiles de coton sans châssis et modulables, Andrea KVAS leur confère une liberté singulière. Tour à tour pliées, dépliées, déployées, ses compositions - influencées à la fois par la sculpture et par la performance – font émerger un système stellaire et coloré. La peinture n'apparaît alors plus comme un objet de contemplation, mais devient l'instrument de prédilection de la mise en place d'un dialogue avec d'autres objets, d'autres environnements et avec le public.

NICOLA MARTINI (né à Florence en 1984, vit et travaille à Milan) présente Senza Titolo, une série de « notes déployées dans l'espace ». Ces sculptures hybrides sont composées d'une partie solide, créée avec des rebuts de moulages industriels en fonte, et d'une partie souple, en caoutchouc silicone, qui souligne leur connexion et leur singularité. À travers cette dualité, NICOLA MARTINI s'attache à isoler et à souligner les structures et les données contenues dans le moulage industriel d'origine, d'un côté en remplissant les pores de la matière récupérée avec une solution de laque et de graphite ou bien avec des résines acryliques, de l'autre en remplissant les interstices laissés par le moule avec du caoutchouc silicone saturé de poudres minérales. Mêlant échelles microscopique et macroscopiques, NICOLA MARTINI rend ainsi visible ce qui ne l'était pas.

La série Dripping on the Feet of the Mountain de NICO VASCELLARI (né à Vittorio Veneto en 1976, vit et travaille à Londres et Rome) doit son titre à celui d'une performance au cours de laquelle l'artiste effectue la descente nocturne d'une montagne à la lueur de bougies disposées sur une branche d'arbre tenue à bout de bras, jusqu'à l'extinction complète de ces dernières, pour ensuite remonter la pente dans l'obscurité. Les œuvres présentées dans l'exposition, moulages en alliage d'aluminium de cette branche dans lesquels sont logées des bougies, témoignent de la performance passée tout en en prolongeant l'expérience. À travers l'utilisation variée de matières premières (bois et feu) devenues objets (torches) et œuvres, NICO VASCELLARI souligne leur polymorphie et leur plurivocité, à la fois dans l'espace et dans le temps.

 

 

Les oeuvres de NICOLA MARTINI ont été réalisées avec le soutien de NUOVE // Safond.